Dans notre vie économique, les moyens de transport jouent le même rôle que, dans notre corps, le courant sanguin amenant à chaque cellule ce dont elle a besoin pour exister. Au premier rang de ces moyens de transport figurent les chemins de fer et les bateaux; parmi les autres moyens importants, il faut mentionner les engins de levage et, principalement, les grues.
Du simple cabestan des temps primitifs, la science des ingénieurs a fait peu à peu une machine puissante et d’une grande perfection, qui accomplit un immense travail. Il en est résulté une accélération considérable dans l’achemine ment des marchandises, ainsi qu’un abaissement sensible du coût des transports.
On trouve avant tout les grues là où de lourdes charges et de grandes quantités de marchandises sont à déplacer, par exemple dans les fonderies, les chantiers, les ports, les ateliers, les entrepôts, etc. Dans les fonderies, les grues doivent notamment assurer le transport des poches de coulée, des lingots à laminer, des pièces à forger, etc., un travail qui ne pourrait se faire d’aucune autre manière aussi rapidement et avec moins de peine.
L’image 1 montre une grue pour fours à réchauffer. C’est une puissante tenaille, qui prend les lingots au sortir de la fonderie et les descend dans les fours. Quand ils ont atteint la température nécessaire au laminage, la grue ouvre la porte du four, saisit le lingot et le dépose sur le train du laminoir.
La grue à étrier mobile de l’image 2 sert au transport des lingots, de l’acier en barre, des tuyaux, des rails, des fers profilés, etc. ; elle peut soulever des charges de 20 tonnes. Comme la précédente, d’ailleurs, elle est désignée sous le nom de pont-grue, parce que, comme les ponts roulants, elle circule sur des rails fixés au plafond des usines. Elle possède une patte mobile, que l’on glisse sous les pièces de métal à soulever.
La grue de l’image 3 rentre dans la même catégorie ; c’est le pont roulant d’une centrale électrique. Son emploi est tout indiqué pour le montage et le démontage des puissantes machines.
Le pendant de ce pont roulant est le portique roulant. Celui de l’image 4 sert au chargement des scories Thomas, dans une grande aciérie. Le chariot roulant actionne une benne piocheuse, qui puise les déchets et les verse dans des wagons.
Les grues trouvent également un champ de travail important dans les ports de mer et les ports fluviaux, où chargement et déchargement des navires et chalands doivent se faire rapidement, vu les immenses capitaux investis dans les docks et dans la flotte marchande. Plus vite ces opérations sont faites, plus vite le bateau devient disponible pour d’autres transports ; les frais de stationnement sont, en outre, d’autant moins élevés. Dans les ports, on donne la préférence à la grue tournante, dont le long bras promène avec facilité les plus lourdes charges du navire au quai, et vice-versa. Les rangées interminables de grues tournantes, le long des quais, sont d’ailleurs une des caractéristiques des ports modernes.
De manière à prendre le moins de place possible, les grues tournantes sont généralement montées sur des char pentes en fer, roulant sur des voies à grand écartement, d’où leur nom de grues à portiques (image 5) ; ainsi, l’espace compris sous la charpente reste libre à la circulation.
Mais souvent, il y a insuffisamment de place entre le quai et les entrepôts pour qu’une telle installation soit possible. On utilise alors la grue à demi-portique (image 6) ; seul, le rail situé du côté de l’eau repose sur le quai, l’autre étant fixé par des consoles à la façade des entrepôts.
Dans la catégorie des grues à portiques rentre la grue tournante à plate-forme (image 7). Travaillant principale ment dans les chantiers maritimes, elle peut transporter souvent plus de 200 tonnes. Cette grue est à pivot fixe et possède un chariot-roulant sur la flèche.
Un pendant de cette grue tournante est la grue flottante de l’image 8. C’est une grue tournante à portée variable, montée sur un corps flottant proportionné à sa puissance. Elle est utilisée pour la construction des bateaux, le renflouement des navires coulés, le transbordement des marchandises de bateau à bateau et pour des constructions diverses.
Les ponts-grues à portiques, dont l’image 9 donne un exemple typique, appartiennent également à l’équipement des ports. On les trouve là où les quais sont attenants à de grands dépôts. La marchandise, ordinairement du charbon ou du minerai de fer, peut ainsi être amenée directement du dépôt dans le bateau, et vice-versa. La liaison entre le bateau et un point quelconque du dépôt est établie rapide ment et sans peine aucune.
Dans nos constructions modernes, la grue a d’autres tâches à remplir. Chacun connaît les petites grues tournantes à vapeur (image 10), qui sont employées un peu partout, et dont la benne piocheuse peut puiser chaque fois la moitié de la charge d’un wagon. Lorsqu’il s’agit d’importantes fondations et qu’on ne peut, pour une raison quelconque, poser une voie ferrée, on se sert d’une grue à câble (image 11). Le treuil roulant court le long d’un câble, tendu entre deux pylônes, et des câbles spéciaux en provoquent l’arrêt ainsi que la montée ou la descente des charges. Si l’un des pylônes est mobile sur des rails, la charge peut être prise et déposée n’importe où dans le chantier.
Quand un édifice commence à sortir de terre, la grue de construction ou mât-grue reprend ses droits (image 12). Chacun a sans doute admiré son travail et l’aisance avec laquelle cet engin amène tous les matériaux à pied d’œuvre, lors de la construction d’un grand bâtiment.
par Hanns Günther, Zurich