L’astronomie est la plus ancienne des sciences. Les bergers de l’Orient surent observer le ciel bien avant qu’une écriture fût inventée. L’observateur primitif se voyait au centre de l’Univers, qu’il croyait limité à l’horizon. Il s’imaginait que les astres étaient fixés à l’intérieur d’une immense boule creuse, la sphère céleste, et tournaient en semble autour de lui. Cette rotation, dont les pivots fixes sont les pôles célestes, est l’apparence due à ce que la Terre tourne sur elle-même, autour de ses pôles, en un jour sidéral.
On observa que certains astres, le Soleil, la Lune, les planètes, se déplacent parmi les étoiles. Le Soleil décrit sur la sphère céleste un grand cercle, l’écliptique; apparence encore : la Terre, qui est une planètec, tourne comme les autres autour du Soleil. La durée de cette révolution est l’année sidérale.
Dès les premières observations, il fallut reconnaître les étoiles. Pour cela on les classa, d’après leur position apparente sur la sphère céleste, en groupes nommés constellations. On donna des noms propres aux astres et aux groupes remarquables; plus tard, dans chaque constellation, on désigna les étoiles, en commençant par les plus brillantes, au moyen des lettres de l’alphabet grec a (alpha), B (bêta), j (gamma), & (delta), etc., puis au moyen des lettres latines et enfin de numéros d’ordre.
La plupart des figures et des noms de constellations connues dans l’antiquité se rapportent aux mythes, c’est-à-dire aux récits fabuleux, héroïques ou poétiques, des peuples primitifs. Plusieurs constellations sont citées dans la Bible et dans les oeuvres des anciens Grecs. Un siècle avant l’ère chrétienne, les astronomes en connaissaient une cinquantaine. Aujourd’hui, on en énumère plus de cent vingt.
Au cours des siècles, l’astronomie a fait la découverte de l’Univers. Les Anciens ne distinguaient que les astres visibles à l’œil nu : 5000 étoiles environ. Aujourd’hui, il faut estimer à des centaines de millions le nombre des étoiles qui, situées à des distances inimaginables de la Terre, laissent pourtant une trace lumineuse sur la plaque photographique des instruments très sensibles et très puissants. Et chaque étoile est un soleil. Toutes les fois que l’oeil » de la photographie voit plus loin, il révèle de nouveaux mondes dans l’infini mystérieux…
La présente série de vues doit permettre de repérer les principales constellations visibles dans nos contrés.
De toutes, la plus facile à retrouver est la Grande Ourse (G. O.). Elle est au nombre des constellations circompolaires (c’est-à-dire voisines du pôle céleste), qui veillent jour et nuit au-dessus de l’horizon nord et tournent autour du pôle. Des sept étoiles principales, quatre (a, B, 3, 8 de l’image 1) représentent le corps, trois la queue de l’Ourse. On la surnomme aussi le Chariot : quatre étoiles représentent les roues, trois le timon avec les bœufs. Prolongez la ligne B a de cinq fois sa longueur: vous voici à l’étoile polaire ; c’est a de la Petite Ourse ou du Petit Chariot; ses sept étoiles principales ont une figure analogue à celle de la G. O., mais moins brillante, moins étendue et dirigée en sens contraire (im. 1 et a). La Polaire est très voisine du pôle céleste. Presque immobile, elle signale le nord aux marins et aux explorateurs. A l’opposé de la G. O, par rapport à la Polaire, on rencontre Cassiopée ; cinq étoiles principales forment une lettre M aux jambages écartés. (Cassiopée, reine d’Ethiopie, le roi Céphée, son époux, et Andromède, leur fille, eurent après leur mort une place d’honneur dans le ciel.)
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Continuons en courbe la queue de la G. O. Voici le Bouvier (im. 3), en forme de cerf-volant, dont la pointe est une belle étoile dorée, Arcturus.
A gauche, le demi-cercle de la Couronne, avec la Perle, puis Hercule (im. 8).
Ces constellations sont observables au printemps, ainsi que les suivantes. La ligne aß G.O. rencontre le Lion, avec Régulus (a) et Dénébola (B) (im. 4). Entre le Bouvier et le Lion s’étend la Chevelure de Bérénice. Au-dessous, la Vierge tenant un Epi.
L’alignement &B G.O. conduit aux Gémeaux, fils de Jupiter : Castor (a) et Pollux (B) (im. 5). A gauche, peu visible, le Cancer (ou l’Ecrevisse).
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Sur l’alignement & a G.O. on trouve le Cocher, avec Capella ; puis le Taureau, dont l’œil (a) est une belle étoile rougeâtre, Aldébaran (im. 6 et 7). On y remarque en outre deux amas d’étoiles, les Hyades, et les Pléiades, filles du géant Atlas trans formé en montagne et condamné à porter le Ciel sur son dos.
Le Taureau est une des constellations zodiacales, dites Maisons du Soleil » par ce qu’elles sont situées sur l’écliptique.
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Les droites joignant a et & G. O. à la Polaire rencontrent, au delà de Cassiopée, Persée, Andromède et Pégase (im. 9). (Persée, sur son cheval ailé Pégase, délivra Andromède, qui, liée à un rocher par des nymphes jalouses, allait être dévorée par un monstre marin.)
J & G.O. passe entre le Cygne (Deneb) et l’Aigle (Altair) d’une part, la Lyre (Véga) d’autre part (im. 10).
L’image 11 nous ramène à l’alignement B; prolongé au delà du Bouvier, il passe dans le Scorpion, qui possède une belle étoile rouge Antarès. Un peu à droite figure le carré de la Balance. Ces constellations sont observables en été et en automne.
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Le ciel d’hiver est le plus beau. On peut y admirer le Taureau (im. 6 et 7). Le géant Orion (im. 12) le menace de sa massue (BG.O.) ; il est représenté par un grand quadrilatère avec Betelgeuse (l’épaule) et Rigel (le pied) ; à l’intérieur sont les trois étoiles du Baudrier (ou les Trois Rois Mages). La diagonale 8B G.O. traverse, après les Gémeaux, le Petit Chien, avec Procyon, et le Grand Chien, avec Sirius, la plus brillante étoile du ciel. (La Canicule, période allant du milieu de juillet à la fin d’août, commence alors que le Grand Chien, gardien du ciel, se lève peu avant le Soleil).
L’image 12 montre encore un fragment de la Voie Lactée, pâle bande lumineuse qui fait le tour entier du ciel. C’est un immense trésor de toutes sortes d’objets célestes. De très loin, elle ne serait plus qu’un nuage, où le Soleil se perd dans le champ des étoiles, où la Terre est si peu que rien.
par le Prof. L. Maillard, Lausanne (D’après le Dr W. Brunner, professeur à Zurich.)